La
petite histoire du direct
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Lumumba se lève...
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- Et vous êtes
en direct ? Th.Kanza,
ministre: Antoine
Lumenganeso raconte
Voici
maintenant Monsieur Lumumba qui monte devant le bureau présidentiel. |
" Congolais et Congolaises, combattants de l'indépendance aujourd'hui victorieux.A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez " ineffaçablement " gravée dans vos curs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la libertés. Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. C'est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force. Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire. Nous
avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires
qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous
vêtir ou de nous loger décemment, ni d'élever nos
enfants comme des êtres chers. Nous avons connu les ironies, les
insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce
que nous étions des nègres. Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou, croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort même. Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillottes croulantes pour les noirs : qu'un noir n'était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens, qu'un noir voyageait à même la coque des péniches au pied du blanc dans sa cabine de luxe. Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre à un régime d'injustice ? Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert, mais tout cela aussi, nous, que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre coeur de l'oppression colonialiste, nous vous le disons, tout cela est désormais fini. La
République du Congo a été proclamée et notre
cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants (...)". |
La cérémonie
officielle se termine dans la confusion. Le roi Baudouin envisage de rentrer
immédiatement à Bruxelles. |
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Un bilan avec Thomas Kanza A écouter en direct : http://expocongo.com/PatriceLumumba_0004.wmv |